Le pressentiment dramatique – Divorce à l’Italienne

Lorsque l’on entre dans une oeuvre, nous partons du principe « qu’il va se passer quelque chose ». C’est le principe même de la fiction : nous mener quelque part, sans que nous sachions comment. Aussi, dès les premières lignes, ou les premières images, nous anticipons les pistes, les événements : c’est le pressentiment dramatique.

Lorsque Clarice Starling se rapproche du dangereux psychopathe Hannibal Lecter dans le Silence des agneaux, nous savons, dès l’annonce et avant même la rencontre, qu’il va se passer quelque chose de terrible. Ce pressentiment redouble notre vigilance et nos craintes, renforce la tension dramatique et décuple le potentiel, ici terrifiant, des caractères.

Divorce à l’italienne

[su_highlight background= »#ec494c »]Spoiler : attention, ce résumé révèle la fin du film[/su_highlight]

Cette comédie pleine d’ironie raconte la vie d’un petit baron sicilien qui ne supporte plus sa femme et, plutôt que de demander le divorce, échafaude un plan pour la jeter dans les bras d’un amant, afin de les surprendre et la tuer. Bien sûr, il en aime une autre.

Le sujet, dramatique, est présenté avec beaucoup d’ironie. L’épouse est d’une telle bêtise qu’on est – secrètement – du côté du mari. Mais pas complètement.

Divorce à l'italienne, l'idiot bienheureux

Car, le mari semble tout aussi ridicule, avec ses tics, ses yeux tombants et l’expression comique de sa bouche. Du coup, on s’attend à ce qu’il échoue à chaque étape de son plan. On anticipe.

Sauf que non : le plan de notre héros se déploie à merveille, au-delà même de ses espoirs. Aussi, lorsqu’il revient de prison après avoir purgé sa courte peine pour se marier avec la femme qu’il aime, d’un trentaine d’années sa cadette, on se dit qu’il rêve, qu’elle ne sera pas là à l’attendre sur le quai de la gare et que ce sera une juste punition.

[su_dailymotion url= »https://www.dailymotion.com/video/x3l8acn »]

Mais elle est bien là et ce pressentiment dramatique qui nous a accompagnés tout au long du récit est désavoué : nous nous sommes inquiétés pour rien. Tout est bien qui finit bien pour le petit baron… Jusqu’à la dernière scène : [su_spoiler title= »Spoiler » style= »simple »]sur un voilier, nos amoureux s’embrassent pendant que la jeune femme caresse du pied le jeune capitaine à la barre. [/su_spoiler]

Notre pressentiment dramatique trouve enfin sa réalisation et l’on finit le film comblé.

[reblex id=’1256′]