L’évolution des personnages secondaires – Blade Runner

Un excellent outil pour dynamiser votre récit est de faire évoluer un personnage secondaire. C’est le cas dans Blade Runner.

Avec Dom Juan, nous avons vu qu’un personnage ne devait pas nécessairement évoluer au cours du récit. En restant le même, Dom Juan impose son caractère jusqu’à la mort.

Mais la plupart du temps, les personnages se transforment. C’est l’objet même du récit. En surmontant les obstacles qu’il rencontre dans la quête de son objectif, notre héros se transforme, souvent en mieux, parfois en pire. C’est le cas de tous les romans d’apprentissage et de la plupart des récits pour enfants. Les modèles ne manquent pas.

Dans Dead Man par exemple, William Black, comptable insignifiant, commence un voyage onirique vers la mort. Au grès de ses rencontres, accompagné de la musique envoutante de Neil Young, le personnage se transforme moralement mais aussi physiquement.

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Blade Runner

Blade Runner se passe dans un Los Angeles du futur – enfin, du futur au moment où le livre a été écrit. Des robots, les replicants, se sont échappés des colonies où les utilisait et sèment désormais la mort. Un policier,  Rick Deckard, est chargé de les attraper et les mettre hors-service, c’est-à-dire de les tuer. C’est lui que l’on appelle Blade Runner.

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Les premiers se laissent abattre sans trop de difficultés, mais leur chef est un coriace. Voilà une magnifique figure de méchant dont les objectifs sont en totale opposition avec ceux du héros. L’un veut vivre, l’autre le tuer.

Blade Runner, le héros et flic, ne change pas du tout au cours du récit. Certes, il modifie ses objectifs en tombant amoureux, mais reste le même. L’évolution, et une des grandes forces du récit, est toute entière concentrée sur l’antagoniste, le replicant qui ne veut pas mourir.

[su_highlight background= »##be3a3d« ]Spoiler : attention, ce résumé révèle la fin du film[/su_highlight]

Après une longue course poursuite au cours de laquelle la supériorité du replicant sur le flic est évidente, notre héros va certainement mourir. Suspendu à la corniche d’un immeuble, le voilà à la merci de celui qu’il voulait tuer. On ne voit pas du tout comment il pourrait sans sortir sans l’intervention, vraiment trop fortuite, d’une aide extérieure, un Deus ex machina.

Et c’est finalement le replicant qui le sauve. Alors que Deckard, épuisé, se laisse tomber dans le vide, le robot lui attrape la main et le hisse sur le sommet de l’immeuble. Par ce geste, il devient humain, plus humain, même que Deckard.

L’évolution radicale du personnage se passe en quelques instants, à un moment de tension extrême du récit et symbolise, en même temps, le propos même de l’histoire : qu’est-ce qui nous définit comme des êtres humains?

Cette transformation de l’antagoniste, logique et surprenante, à un moment clef du récit, en fait un personnage inoubliable et une histoire culte.

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